Jean-Philippe
Leroy, photographe
" Les capverdiens sont les gens les plus attachants que j'ai
rencontrés… "
Jean-Philippe,
31 ans, un sourire d'enfant dans une stature imposante, a découvert
le Cap Vert en mars 2005. Une rencontre photographique touchante,
qu'il nous propose de partager à travers son exposition Saudade. En
ligne de mire : un projet d'aide aux écoles du Cap Vert.
Vous
préparez une exposition sur le Cap Vert que vous avez intitulée Saudade.
Vous avez la nostalgie ?
Le
mot "saudade" exprime un sentiment que l'on ne peut pas traduire.
C'est une nostalgie bien particulière. Elle est propre au Cap Vert.
J'ai essayé de la transcrire en images à travers mon regard. Pour
moi, ce sont les instants partagés que l'on aimerait revivre, les
gens rencontrés que l'on a envie de revoir. Les capverdiens sont les
plus attachants de tous les gens que j'ai connus. Avec eux, il y a
un échange sans ambiguïté. Et puis, ils s'intéressent aux gens qui
s'intéressent à eux...
Parlez-nous
de cette rencontre…
Mon
regard s'est posé sur la vie des gens au quotidien : les adultes,
les enfants... Je passais parfois une journée entière dans un village
à capter des moments de vie : les enfants qui jouent, la solitude
aussi. Il y a des rencontres fugitives et des rencontres plus longues.
Des rencontres qui se font sur un bonjour ou sur une invitation. Je
pense que les choses simples sont rarement montrées. J'aime montrer
les cohérences et les contrastes, mettre en regard les différentes
cultures du quotidien. Avant tout, il faut sentir. Il ne faut jamais
forcer les images. L'appareil photo facilite la rencontre. Il aide
aussi à passer la barrière du langage.
On
imagine le Cap Vert comme un pays luxuriant, aux mille couleurs.
Pourquoi une exposition en noir et blanc ?
Pour
moi, les paysages ne sont que des écrins. Je m'en sers simplement
pour poser les petites bouilles, les visages. On peut parfois se laisser
aveugler par la multitude des couleurs, avoir envie de faire une image
et finalement qu'elle soit vide, qu'il n'y ait rien. Allier la couleur
aux sentiments, c'est difficile. En N&B, on ressent mieux les émotions.
On peut véhiculer la vie, les expressions de façon simple. On n'utilise
que la lumière, tout est à fabriquer. On se concentre plus sur l'impression,
la composition. Quand je fais de la photo couleur, mon regard est
différent.
Vous
souhaitez venir en aide aux écoles du Cap Vert. Expliquez-nous…
Je
souhaite faire tourner l'exposition Saudade dans la Drôme, Rhône-Alpes
et pourquoi pas la France entière. J'ai envie de faire connaître ce
pays encore peu touristique. Pour le développer. Pas pour le détruire.
J'ai sélectionné quelques images que j'ai décidé de vendre pour un
prix symbolique. L'ensemble du bénéfice servira à financer du matériel
pour les écoles du Cap Vert. Fin 2005, j'emporterai ce matériel sur
place, certainement en partenariat avec une association. Et je profiterai
de ce second voyage pour réaliser un reportage dans les écoles. Aider
les écoles, c'est aussi aider les familles.
Et
après ?
Certainement
l'Afrique noire ou l'Asie. Mon amie rêve d'y aller depuis toujours.
Laurence C. 22/05/2005